La manière dont Hans Walter Muller s’inscrit dans l’histoire des modules gonflables est faite de déplacements systématiques par rapport à des postulats idéologiques qui leur était souvent associé. À partir du principe de remis en cause structurel de l’architecture, que Buckminster Fuller développe à la fin des années 40 sur le model de la valve pneumatique isolante, Hans Walter Muller revendique, presque à l’opposé, la nécessité intégrative de l’habitat fonctionnant en porosité avec l’environnement. Par ailleurs, si la bulle nomade de son ami Haus-Rucker-co témoignait d’un principe d’adaptabilité aux modes de vie lorsqu’il conçoit le bureau mobile en 1961, Muller dépasse le prototype pour réaliser des projets éphémères mais qui répondent à des activités réelles, tels que des cirques, des lieux de promotion ou des contextes d’exposition. C’est ainsi qu’il a pris le risque de sortir le gonflable du registre purement utopique ou esthétique. Une autre particularité significative de sa conception du gonflable réside dans la volonté de transmettre un mode de pensée. Alors qu’il intervenait pour Tercera Estacio, Hans Walter Muller a mis en place, non seulement une structure d’exposition, mais aussi un village gonflable, des tipis qu’il a proposé aux étudiants de construire eux-mêmes pour se loger selon une méthode empirico-déductive. C’est ainsi, que la forme finale témoigne logiquement de son processus de réalisation.

Dans le prolongement de ces conceptions, Hans Walter Muller réalise le gonflable « Estacio mobile » comme, à la fois un lieu de rencontre, un site d’exposition et un outil pédagogique.

Sébastien Pluot